Conference abstract

Immuno-diagnostic de la tuberculose

Pan African Medical Journal - Conference Proceedings. 2017:4(26).16 Nov 2017.
doi: 10.11604/pamj-cp.2017.4.26.404
Archived on: 16 Nov 2017
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Keywords: Tuberculose, diagnostic immunologique, Tunisie
Abstract

Immuno-diagnostic de la tuberculose

Mohamed Selim El Asli1,&

1Service de Microbiologie, Hôpital Militaire Principal d’Instruction de Tunis, Tunis, Tunisie

&Auteur correspondant
Mohamed Selim El Asli, Service de Microbiologie, Hôpital Militaire Principal d’Instruction de Tunis, Tunis, Tunisie

Résumé

Introduction: en Tunisie, la tuberculose reste un problème de santé publique. Selon l’OMS, elle est, avec le VIH, l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières au monde: en 2014, 9.6 millions de personnes ont contracté la tuberculose et 1.5 millions en sont mortes. La tuberculose est une infection chronique liée, dans la majorité des cas, à l’inhalation de Mycobacterium tuberculosis (ou bacille de Koch). Dans 90 % des cas, la prolifération de M. tuberculosis est arrêtée par les défenses immunitaires de l’hôte. Les bacilles peuvent cependant rester vivants, sous forme latente dans l’organisme, d’où la notion de tuberculose infection latente (ITL).

Méthodes: revue systémique de la littérature mondiale concernant l’immuno-diagnostic de la tuberculose.

Résultats: dans environ 10% des cas, l’ITL peut évoluer en tuberculose-maladie qui prendra la forme de tuberculose pulmonaire dans environ 3/4 des cas, et/ou une forme extra-pulmonaire, dans environ 1/4 des cas. Jusqu’à dernièrement, l’intradermoréaction à la tuberculine (IDR) était le seul test diagnostique disponible de l’ITL. Cependant, ce test est un outil imparfait par le manque de standardisation des modes de production de la tuberculine et par le fait que sa réalisation et son interprétation sont très dépendantes de l’opérateur. Par ailleurs, l’IDR manque de spécificité (40 à 90%) et peut être faussement positive, essentiellement chez les sujets vaccinés par le BCG. De même, l’IDR est peu sensible (70%) avec des faux négatifs fréquents (immunodéprimés, âges extrêmes et au cours des tuberculoses sévères évoluées). Dans ce contexte, de nouvelles techniques ont été développées récemment à savoir les tests IGRA (Interferon Gamma Release Assays) afin d’améliorer le diagnostic des infections tuberculeuses et de renforcer la lutte contre cette maladie. La détection de l’interféron gamma (IFNγ) est la base de ces nouveaux tests qui dépistent la présence de lymphocytes T sensibilisés à 2 ou 3 antigènes spécifiques de M. tuberculosis (ESAT-6, CFP-10 et TB-7.7), absents de M. bovis (BCG) et de la plupart des mycobactéries non tuberculeuses. Deux tests, Quanti FERON-TB® et le T-SPOT.TB® sont commercialisés. Le test Quanti FERON-TB® est un système de dosage sur sang total, avec détection par technique ELISA; il y a eu 3 générations de tests: QuantiFERON tuberculine PPD®, QuantiFERON-TB Gold®, et QuantiFERON-TB Gold en Tube®. Le test T-SPOT.TB® est une technique ELISPOT. Les tests IGRA possèdent une sensibilité comparable aux tests tuberculiniques chez les immunocompétents et probablement supérieure chez les immunodéprimés. Leurs spécificités est meilleure que celle de l’IDR (absence d’influence de la vaccination préalable au BCG et des mycobactéries de l’environnement). Ces tests n’ont pas d’effet boosté en cas de répétition contrairement à l’IDR. Les indications des tests IGRA sont variables d’un pays à l’autre. Cependant, la majorité des pays utilisent les tests IGRA avant tout traitement par anti-TNF alpha, soit dans le cadre d’une procédure en deux temps (IDR puis test IGRA), soit d’emblée. Les recommandations européennes 2011 autorisent l’utilisation des tests IGRA dans le diagnostic de la tuberculose extra pulmonaire chez l’adulte et chez l’enfant. Dans le cadre du dépistage de l’ITL, les experts européens soulignent que les tests IGRA sont indiqués seulement lorsqu’un traitement est envisagé. Dans les enquêtes autour d’un cas, chez les enfants âgés de moins de 5 ans, les IDR restent recommandées. Pour les sujets contact âgés de plus de 5 ans ces tests peuvent être utilisés seuls ou après une IDR positive. Pour les patients immunodéprimés y compris les patients VIH, l’utilisation de 2 tests IDR et IGRA est recommandée.

Conclusion: concernant les professionnels de santé, les données apparaissent insuffisantes pour recommander le dépistage systématique par les tests IGRA seuls mais l’utilisation d’une approche en deux temps IDR puis confirmation par IGRA peut accroitre la spécificité notamment pour les professionnels vaccinés exposés. Les tests immunologiques IDR et IGRA présentent plusieurs limites: Ils sont dépendants du statut immunitaire du patient, une IDR négative ou un test IGRA négatif : ne peut exclure ni une tuberculose infection ni une tuberculose maladie, ces tests ne différencient pas entre une infection ancienne et une infection récente, aucun de ces tests lorsqu’il est positif ne peut donner d’indication quant au risque d’évoluer vers une tuberculose maladie.