Conference abstract

La schistosomiase urinaire: une infection parasitaire qu’on croyait éradiquer

Pan African Medical Journal - Conference Proceedings. 2017:4(59).27 Nov 2017.
doi: 10.11604/pamj-cp.2017.4.59.258
Archived on: 27 Nov 2017
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Keywords: Bilharziose, schistosomiase, Tunisie
Abstract

La schistosomiase urinaire: une infection parasitaire qu’on croyait éradiquer

Najla Lassoued1,&, Nesrine Belgacem1, Safa Trabelsi1, Hassène Baïli1, Maher Béji1, Salem Bouomrani1

1Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Tunisie

&Auteur correspondant
Najla Lassoued, Service de Médecine Interne, Hôpital Militaire de Gabès, Tunisie

Résumé

Introduction: la schistosomiase ou bilharziose est une parasitose causée par des vers plats ou trématodes, schistosomes, qui parasite des plexus veineux et dont la clinique est due à la migration parasitaire ou à l’embolisation par les œufs. La bilharziose urogénitale est engendrée par le genre S.haematobium. Elle représente la première cause des maladies hydriques et la seconde endémie parasitaire mondiale après le paludisme. Cette parasitose est supposée être éradiquée en Tunisie depuis 1983.

Méthodes: B.M, patient Tunisien de 35 ans, originaire de Douz, sans antécédents pathologiques notables, fût hospitalisé pour exploration d’une hématurie intermittente évoluant depuis plusieurs années et qui s’est associée à une pollakiurie gênante depuis quelques mois.

Résultats: l’examen des urines objectivait une hématurie macroscopique avec leucocyturie faite de polynucléaires non altérés. L’examen bactériologique direct ainsi que la culture étaient négatifs. La fonction rénale était normale (créatinine à 97 µmol/l) ainsi que la numération formule sanguine et les tests de l’hémostase. La radiographie standard de l’arbre urinaire objectivait des calcifications filiformes formant un liseré calcique fin et irrégulier dessinant les contours de la vessie qui parait petite. L’échographie rénale était normale. L’urographie intra-veineuse montrait une vessie de volume très réduit, inextensible et à bords rigides calcifiés et irréguliers. La cystoscopie montrait un aspect en « grains de semoule » de la muqueuse vésicale. La biopsie objectivait un léger infiltrat inflammatoire non spécifique de la paroi vésicale avec présence de nombreux corps ovalaires avec un éperon terminal caractéristique compatible avec des œufs de Schistosoma haematobium. Ainsi le diagnostic d’une bilharziose urinaire évolutive à Schistosoma haematobium compliquée de cystite sclérosante et calcifiante fut retenu. Le patient était traité par praziquantel à la dose de 40 mg/kg en prise unique, associé à une entérocystoplasie d’agrandissement avec une évolution favorable. En Tunisie, cette parasitose fut décrite pour la première fois en 1883 par SOUSINE dans la région de Gafsa; l’ampleur de cette affection était importante au point qu’en estimait que 16 à 69% des enfants d’âge scolaire en étaient infectés entre les années 1956-1957. C’est ainsi que le pays avait mis en place en 1970 un programme national de lutte qui était rapidement fructueux avec une éradication de la maladie officiellement déclarée en 1983. Il faut toujours rappeler que l’existence de petits foyers endémo-épidémique, l’extension et le développement agricole et des réseaux d’irrigation font favoriser un possible retour de cette infection.

Conclusion: l’impact socio-économique important de cette parasitose ainsi que ses conséquences possibles et graves (cancer de la vessie et facteur de risque d’infection par le VIH) impose d’y penser et la chercher devant des signes urinaires évocateurs.