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Fièvre typhoïde: généralités et restitution des résultats de l’investigation de l’épidémie survenue à Ghannouche, Gabès, Juillet - Août 2016

Pan African Medical Journal - Conference Proceedings. 2018:7(33).24 Jan 2018.
doi: 10.11604/pamj-cp.2018.7.33.574
Archived on: 24 Jan 2018
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Keywords: Fièvre typhoïde, Tunisie, épidémiologie, 2016
Oral presentation

Fièvre typhoïde: généralités et restitution des résultats de l’investigation de l’épidémie survenue à Ghannouche, Gabès, Juillet - Août 2016

Aicha Hchaichi1,&, Nissaf Bouafif-Ben Alaya1

1Observatoire National des Maladies Nouvelles et Emergentes, Tunis, Tunisie

&Auteur correspondant
Aicha Hchaichi, Observatoire National des Maladies Nouvelles et Emergentes, Tunis, Tunisie

Résumé

Introduction: la fièvre typhoïde (FT) est une infection bactérienne systémique, à point de départ digestif, due à une bactérie gram négative, Salmonella typhi. En Tunisie, la FT est une maladie à déclaration obligatoire, elle sévit encore à l’état endémique, surtout dans les régions rurales, avec une incidence très faible (0,32/100 000 habitants) et en moyenne 35 cas sporadiques notifiés annuellement. En juillet 2016, plusieurs cas de FT provenant de la délégation de Ghannouche ont été signalés. Une équipe d’intervention rapide a été mobilisée pour assurer l’investigation sur terrain, sous la coordination de l’Observatoire National des Maladies Nouvelles et Émergente (ONMNE).

Méthodes: : nous avons mené une étude de cohorte rétrospective à Ghannouche en Aout 2016. Nous avons collecté les données à travers un questionnaire standardisé contenant les caractéristiques sociodémographiques et cliniques ainsi que les possibles sources de contamination. Un cas certain était défini comme toute personne ayant séjourné à Ghannouche et ayant présenté à partir du début du mois de juin, des signes cliniques évocateurs de FT associés à un isolement biologique de S. Typhi ou Paratyphi A, B ou C. Nous avons aussi mené une investigation microbiologique et environnementale.

Résultats: parmi 628 sujets enquêtés de juillet à septembre 2016, 68 cas étaient confirmés, 28 cas probables et 91 cas suspects. Le taux d’attaque global était de 162,42 par 1000 habitants. Chez les cas, une prédominance masculine était notée avec un sexe ratio de 1,3. L’âge médian était de 11 ans (extrêmes de 1 à 60 ans). Les principaux signes cliniques étaient la fièvre (95%) et diarrhée (56,4%). La date de début des signes du premier cas confirmé remonte au 10 juin 2016 (Semaine 26) et celle du dernier cas au 1er Septembre 2016 (semaine 36). L’analyse uni variée a montré que la notion d’exposition à l’eau adoucie est associée de façon significative à la survenue de la maladie; boisson eau adoucie RR = 3.41 [1.890; 6.178] et cuisson eau adoucie RR = 2.29 [1.486; 3.532]. A travers l’enquête environnementale, nous avons prélevé 110 échantillons d’eau de boisson. Parmi les 38 prélèvements d’eau adoucie, 27 étaient non conformes aux normes et 5 positives à la Salmonella.

Conclusion: l’eau adoucie était la source la plus probable de l’épidémie. La fermeture des unités clandestines de vente de l’eau adoucie, l’amélioration de l’approvisionnement en eau potable et son contrôle sanitaire ainsi que l’éducation sanitaire et hygiénique de la communauté locale semblent impératifs dans le but de prévenir d’autres épidémies.